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Zone EURO: l'impact de la crise Italienne

Zone EURO: l'impact de la crise Italienne

Publié le 17 oct. 2018

Les frères ennemis

En Italie, il aura fallu presque trois mois de crise pour revenir au point de départ. On se croirait chez Jules Verne, avec le Tour du monde en 80 jours. Mais l’Italie est-elle le centre du monde? C’est la question que les pays européens, rongés par l’inquiétude, commencent à se poser. C’est en invalidant la nomination d’un eurosceptique patenté, Paolo Savona, à la barre des finances, que le président Sergio Mattarella a semé le trouble il y a quelques mois entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et celui de la Ligue d’extrême droite.

 

L’extrême droite en tête du peloton

Au parlement, les partis traditionnels de gauche se sont effondrés au mois de mars avec – 18% face aux 14% réalisés par le Forza Italia du trublion Berlusconi. La Ligue d’obédience extrême droite a gagné 17%, prenant ainsi la tête du peloton de la course, aux côtés des néofascistes de Fratelli. Du coup, on arrive à 38% de mains qui s’agitent sur le côté droit des sensibilités. C’est ainsi que Maria Elisabetta Alberti Casellati, proche de Berlusconi, est nommée par les parlementaires présidente du Sénat. Dès lors, Matteo Salvini s’invite comme premier ministre naturel en tant que chef de file de la coalition avec 38% des voix.

 

Mattarella sauve les meubles

Paniqué, le président de la république songe à organiser de nouvelles élections, début 2019. Mais en face, les partis d’extrême droite se rallient pour faire barrage. Malgré l’arrivée du juriste Giuseppe Conte à la tête du Conseil, aucun nouveau gouvernement ne se forme encore. Il faut préciser qu’Angela Merkel n’est pas trop fan de l’antieuropéen Savona. Du coup, Mattarella pose son veto, en disant: « Dans mon rôle de garant, je ne pouvais pas accepter un choix qui aurait pu conduire à la sortie de l’Italie de l’euro, et provoquer les inquiétudes des investisseurs italiens et étrangers ». A la suite de quoi, il nommera Carlo Cottarrelli à la présidence du conseil. Un gouvernement de transition se met en place. Pour l’Italie, c’est retour à la case départ, avant le résultat des élections législatives. Les pays voisins ont du mal à trouver le sommeil depuis que la coalition antisystème n'a pas caché son but de pratiquer une politique de relance en laissant déraper son déficit et sa dette publique, déjà très importants. Du coup, en Europe, on tire les sonnettes d’alarme.

 

La peur européenne

Sergio Mattarella charge Giuseppe Conte (chouchou des antisystèmes et de l'extrême droite) de former un nouveau gouvernement après les 80 jours de tractations. Mais à Bruxelles, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, somme le pays d’apporter une solution crédible à son endettement, le deuxième plus élevé de la zone euro quand même, après celui de la Grèce. Paniqués, les marchés financiers commencent à jouer des castagnettes. Mais de quoi ont-ils peur?

Les propositions des antisystèmes

La coalition en Italie, composée du Mouvement antisystème 5 étoiles et de la Ligue d'extrême droite, veut lancer un programme qui n’est pas sans inquiéter les observateurs économiques européens: baisses phénoménales des impôts, promulgation d'un revenu de citoyenneté, abaissement de l'âge de départ à la retraite alors que l'Italie est déjà… un pays de vieux. Dans la famille dépenses publiques, nous trouvons la construction de prisons, l'augmentation des effectifs de policiers et le repêchage de la compagnie aérienne Alitalia. Et histoire d’être agréable aux Français, ils songent à renoncer au projet de ligne de train entre Lyon et Turin. Il est clair que ce remaniement budgétaire fait trembler les marchés financiers.

 

L’endettement

L’Italie est pourtant la troisième puissance économique européenne mais aussi, comme nous l’avons rappelé, le pays européen le plus endetté après la Grèce. Sa dette devrait s’élever à 130,7% du PIB en 2018 pour atteindre les 170,3% en 2019. Si le parti M5S parvient à imposer son programme, le déficit se creusera encore et le pays sera soumis à la solvabilité publique. Parce que si l’Italie sort du cadre budgétaire européen, tout le monde se dit que l’effet risque d’être contagieux. Souvenons-nous de la Grèce qui avait traumatisé tout le monde avec son taux d’intérêt à 10 ans jusqu’à 44%, c’était en 2012… Mais les optimistes font remarquer que l’Italie n’est pas la Grèce et que le scénario sera forcément différent. A voir.

 

La France qui tremble

Il est certain qu’en cas de persistance de la crise italienne, la zone euro aura des raisons de s’inquiéter sérieusement, à commencer par la bande à Macron. Luigi Di Maio, du Mouvement 5 Etoiles, extrême gauche, voudrait imposer un budget offensif qui provoque des inquiétudes sur la façon dont l’Italie va régler son problème de dette. De son côté, le boss des questions économiques de La Ligue d'extrême droite, populiste et antisystème, a insinué que l'Italie se porterait sans doute mieux si on revenait à une monnaie nationale, c’est-à-dire à une sorte d’Itaxit. Fantasmes ou menaces? Quoiqu’il en soit, on ne sait pour l’instant si le verre (dans le fruit?) est à moitié vide ou seulement à moitié plein. Du côté français, on voudrait que l’Italie accepte de se serrer un peu le ceinturon avant que nos valeurs bancaires ne soient dramatiquement menacées. Personne ne peut dire encore s’il faut réellement craindre une contagion qui affaiblirait certains points faibles de l’hexagone, avec notamment, une flambée de nos taux d’intérêts.

 

L’Allemagne pas contente

L’Allemagne a beaucoup donné à l’Europe du Sud en sachant qu’elle ne reverra certainement jamais son argent. Ses exportations subventionnent l’eurozone et les Allemands pensent à juste titre qu’ils ont eux-mêmes subi il y a quelques années une politique d’austérité dont ils ont réussi à sortir la tête haute. De fait, l’Allemagne aimerait bien ne plus participer à ce qu’elle considère comme un commerce inéquitable avec les pays de la zone euro sud. Là encore, certains préconisent l’arrêt de l’euro pour l’Italie. On ne sait encore quel sera le positionnement exact de Merkel face au problème italien. Une chose est sûre, l’Allemagne a déjà beaucoup donné et elle en a assez.

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