Quelles sont les prévisions d’évolution du taux de change franc suisse euro en 2023 ?

Publié le 20 déc. 2022

Le 15 janvier 2015, la Banque Nationale suisse abandonne le plancher du taux de change qui avait été mis en place 4 ans plus tôt. Cette réforme fait grimper le franc suisse de 30 % par rapport à l’euro en quelques minutes à peine.

Depuis, le cours de l’euro et du franc suisse a subi des fluctuations, notamment en raison de phénomènes externes, tels que la pandémie du Covid-19, la guerre en Ukraine, l’inflation du prix du gaz ou de l’essence.

Avec l’actualité de 2022, les prévisions d’évolution du taux de change franc suisse euro en 2023 sont très attendues.

Pourquoi l’euro a chuté face au franc suisse ? À quelle évolution s’attendre, pour l’euro et le CHF, en 2023 ?

La situation du taux de change CHF/EUR en 2022

Le marché du change de devises a ses complexités que seuls les plus aguerris appréhendent avec clairvoyance. Pour commencer, rappelons comment se détermine le taux de change. L’euro et le franc suisse sont, ce que l’on appelle dans le jargon, des devises « flottantes ». Ce qui veut dire qu’elles s’échangent sur le marché à des taux variables. Le taux de change est actualisé en fonction de l’offre et de la demande. Ce phénomène implique une variation du taux, et donc chaque jour, la valeur de ces deux monnaies fluctue.

Prenons un exemple pour comprendre comment évolue le cours CHF/EUR :

• S’il y a plus de vendeurs de la devise euro que d’acheteurs, le prix de l’euro chute,

• à l’inverse, s’il y a moins de vendeurs que d’acheteurs, le prix de la devise monte.

Il en serait de même concernant le franc suisse ou une autre devise.

Fin juin 2022, la devise CHF s’était vue relevée, après une longue période de stabilité et un taux en début d’année avoisinant les 1,03 CHF pour 1 euro. En raison de cette évolution, la paire de devises passait sous la parité. Ce qui n’était plus arrivé depuis 2015.

Cette instabilité entre l’euro et le franc suisse peut être expliquée, selon Maxime Botteron (économiste chez Crédit Suisse) par le fait que l’inflation dans les pays européens est plus élevée qu’en Suisse. Il y a donc un effet compensatoire sur le taux de change. De plus, entre l’augmentation du prix du gaz et la guerre en Ukraine, la situation de la zone européenne n’a fait qu’alourdir le budget des ménages, créant ainsi une dépréciation de l’euro.

Pour l’économiste, il suffit de comparer le taux de change stable EUR/USD pour se rendre compte de la situation CHF/EUR.

Depuis fin septembre 2022, la paire de devises CHF/EUR a connu un rebondissement, après une chute historique à 0,94. 

Actuellement, et jusqu’au 15 décembre 2022, le taux du franc suisse se situe encore à 0,5 % face à l’euro à 1,5 %. On constate donc un écart de 1 % qui reste favorable à l’euro. Les taux directeurs seront reconsidérés par la Banque Nationale Suisse (BNS) et par la Banque Centrale européenne (BCE), lors de cette réunion du jeudi 15 décembre. La BNS a annoncé qu’elle souhaitait une revalorisation du CHF entre + 0,35 et + 0,5 %, alors que la BCE penche entre + 0,5 et + 0,75 % sur les taux directeurs.

Pour finir, il a été décidé lors de cette réunion exceptionnelle d’augmenter de 50 points le taux directeur des deux monnaies. Le taux directeur du franc suisse passe donc à 1 % contre 2 % pour la devise européenne. L’objectif des banques centrales étant de lutter contre l’inflation.

L’évolution de l’euro et du franc suisse en 2023

Face à cette situation inflationniste, la BNS a pris la décision de relever de 50 points ses taux. Avant cette période de crise économique le taux d’intérêt était entretenu volontairement à un taux négatif de -0,75 %. Après une telle hausse, il semblerait que les prévisions d’évolution du taux de change franc suisse euro soient propices à l’accalmie courant 2023.

 Source : finansweb.net

En raison des prévisions de remontée des taux de change, selon la BCE, l’euro semble remonter en 2023, en tout cas à court terme. Cependant, cette évolution dépendra de l’inflation constatée en 2023, notamment sur les territoires soumis à l’euro : en septembre 2022, l’indice des prix à la consommation s’élevait à 9,9 % contre 3,3 % en Suisse. Une inflation donc beaucoup plus élevée dans la zone euro que sur les terres helvètes. Cette situation laisse à croire que la BCE devra rehausser ses taux plus rapidement que la BNS.

Par ailleurs, il faut savoir qu’une hausse franche du franc suisse causerait préjudice au pays : l’exportation des produits d’entreprises suisses se verrait perdre en concurrence, les investisseurs de l’Union européenne trouveraient moins d’attractivité économique en Suisse. Les établissements bancaires et organismes financiers (agences de change, transferts de fonds) se trouveraient impactés dans leur fiabilité et leurs engagements en termes de change CHF/EUR.

Le franc suisse, en tant que réserve de valeur, diminue progressivement, entraînant par déduction logique une dépréciation de sa valeur monétaire. Une appréciation avait été perçue durant la crise sanitaire, mais le contexte de reprise économique a donné l’avantage à l’euro.

Ce contexte entraîne également des prévisions d’évolution du taux de change franc suisse euro en 2023 très discutées, notamment par les experts du change du Crédit Suisse qui envisagent :

• la fin d’une dépréciation du taux de change qui perdure pourtant depuis 2017 ;

• une légère appréciation de l’euro face au franc suisse ;

• un taux à 1,10 fin 2022 (contre 1,08 prévu par les entreprises). 

Ces prévisions restent ainsi incertaines : la crise sanitaire imprévue a forcé les acteurs du marché à rester prudents concernant leurs prévisions d’évolution du taux de change franc suisse euro pour 2023, entre autres. L’économie de la zone euro et de la Suisse s’est vue lourdement impactée, notamment en raison des restrictions drastiques de la période Covid-19 (chômage partiel, fermeture des commerces, accès restreint aux frontières).

Cette situation imprévue et inévitable a remis en cause de nombreux pronostics quant au marché boursier et économique des pays. Une conjoncture délicate pour les frontaliers qui doivent rapatrier leur salaire suisse en euros chaque mois.

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